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Le Mot de
l'éditeur : Requiem pour un frère
Marie-Michèle BEAUFILS
après le " Cahier Noir " et le " Hollandais et les Sorcières de Sare " nous
propose de découvrir les arcanes et les intrigues d'une famille bourgeoise
recelant des tabous insoupçonnables.
Requiem pour un
frère
Assiégée par un monde qui la dépasse, Henriette Delaume
est-elle capable du pire ? C'est son fils Antoine, musicien, qui découvrira
l'aboutissement des certitudes maternelles. L'oncle Martin isolé, au fond du
Pays Basque, sera à ses côtés quand Antoine partira sur les traces d'Augustin,
le frère perdu. Tout le long de " Requiem pour un frère " la musique
rythme les passions, les pertes et les douleurs de cette
famille…
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Extrait du
livre : ... C'était la même quiétude
dominicale, quand à la sortie de la messe, tandis que les premières volées de
cloches carillonnaient, les jeunes gens faisaient claquer en
criant la pelote sur le mur du fronton. Tout le minuscule
village s'imbibait d'une sorte de plaisir et de lumière qui s'imprimaient
dans les yeux et le sourire de chacun comme l'encre sur un
buvard. D'un regard distrait les femmes s'agglutinaient en
grappes sombres avec les mêmes cheveux permanentés, le visage tissé des mêmes
rides, le même sourire sur les lèvres laissant deviner les mêmes rangées de
dents régulières, trop régulières. Certaines d'entre elles sortaient de leur
petit sac de cuir raide et vieux un minuscule mouchoir brodé qui sentait l'eau
de Cologne à la lavande. Après s'être tamponné le nez, elles claquaient le
fermoir qui résonnait presque sous la voûte du parvis, enfermant ainsi le
dernier vestige d'un temps qui leur échappait. Elles ne s'étaient pas encore
résolues à l'ère du kleenex. Puis, après un dernier frottement rapide de leur
appendice nasal, elles se penchaient en avant, attentives, l'oreille tendue vers
les mots qui s'échappaient de la bouche mince d'une interlocutrice qui leur
ressemblait. Ces femmes sentaient aussi parfois le biscuit. Oui c'est ça, elles
fleuraient la pâte des biscuits sablés de l'épicerie de Mayalen, ou encore le
parfum d'un patchouli quelconque qui laissait une trace odorante sur le foulard
qui pendait à leur cou. ...
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